Je me tiens là, mon bol de flocons d’avoine à moitié entamé, quand cette notification tombe sur mon écran : Bill Gates veut tout donner. Ma première pensée ? « Encore un milliardaire qui se rachète une conscience. » Mais après lecture attentive, j’avoue que ce geste mérite qu’on s’y attarde. Dans un monde où l’accumulation de richesses semble être devenue une compétition malsaine, Gates choisit une voie différente. Voilà qui me laisse songeuse, entre admiration prudente et questionnements sur notre rapport collectif à l’argent.
La fortune de Bill Gates : d’une montagne d’or à un legs philanthropique
Souvenez-vous de cette époque où Bill Gates trônait au sommet du classement des personnes les plus riches du monde. De 1995 à 2017 (excepté quelques années), le fondateur de Microsoft dominait le palmarès mondial des fortunes. Aujourd’hui, le voilà « relégué » à la 12e place mondiale et à la 9e place du Forbes 400. Une dégringolade qui n’est pas due à de mauvais investissements, mais à un choix délibéré de se défaire progressivement de son patrimoine.
Ce qui me frappe, c’est cette déclaration : « Je ne veux pas mourir riche. » Dans notre société qui valorise l’accumulation et le « toujours plus », cette phrase détonne. Gates estime qu’il existe « trop de problèmes urgents à résoudre pour conserver des ressources » qui pourraient servir à aider autrui. Voilà une position qui tranche avec celle de certains autres milliardaires que je ne nommerai pas (mais vous voyez très bien de qui je parle).
Les chiffres donnent le vertige. Sa fortune actuelle est estimée entre 107 et 113 milliards de dollars selon Forbes. Il aurait déjà fait don de plus de 100 milliards de dollars à des œuvres caritatives, dont environ 60 milliards à sa propre fondation. Et ce n’est pas fini : il prévoit de donner l’essentiel de sa richesse restante à la Fondation Gates.
| Année | Classement mondial | Fortune estimée |
|---|---|---|
| 1995-2017 | 1er (majorité de cette période) | Variable |
| 2024 | 12e | 107-113 milliards $ |
Je me demande souvent comment on peut avoir autant d’argent et dormir tranquille. La réponse de Gates semble être : en le redonnant. À méditer, non ?
Objectif ambitieux : 200 milliards de dollars d’ici 2045
La Fondation Gates s’est fixé un objectif qui donne le tournis : dépenser plus de 200 milliards de dollars d’ici 2045, date à laquelle elle fermera définitivement ses portes. Depuis sa création en 2000, elle a déjà injecté 53,8 milliards dans divers projets humanitaires. À la fin de 2024, ses avoirs nets atteignaient 71,3 milliards de dollars, avec un budget annuel de 8,7 milliards.
Ces chiffres sont vertigineux, mais ils prennent tout leur sens quand on les confronte à l’ampleur des défis mondiaux. Et je dois dire que le timing n’est pas anodin : alors même que le gouvernement américain réduit drastiquement son aide humanitaire, Gates décide d’intensifier son engagement. Un pied de nez à peine voilé aux politiques de désengagement ?
Gates n’a d’ailleurs pas mâché ses mots concernant Elon Musk, qu’il accuse directement d’être responsable de la mort potentielle de millions d’enfants pauvres. Comme responsable de la Commission pour l’efficacité gouvernementale (DOGE), Musk aurait orchestré le démantèlement d’USAID, réduisant drastiquement l’aide américaine aux pays en développement.
Entre ces deux titans de la tech, la guerre des ego se double d’une guerre idéologique sur la meilleure façon d’utiliser leur pouvoir et leur argent. L’un mise sur la philanthropie stratégique, l’autre sur la disruption technologique et l’influence politique directe. Deux visions du monde qui s’affrontent, et nous voilà spectateurs de ce duel de milliardaires.
Trois priorités pour les vingt dernières années de la fondation
Pour maximiser son impact avant sa fermeture, la Fondation Gates concentrera ses efforts sur trois axes prioritaires :
- La lutte contre la mortalité infantile – Un combat fondamental pour offrir à chaque enfant une chance de survie
- Les maladies infectieuses – Notamment la polio, la dracunculose, la rougeole et la malaria
- Les initiatives éducatives – Pour briser le cycle de la pauvreté par l’accès au savoir
Je trouve cette approche intéressante : plutôt que de saupoudrer l’argent sur une multitude de causes, Gates choisit de concentrer ses ressources sur des problèmes spécifiques avec des objectifs mesurables. C’est le genre de philanthropie qui me parle : stratégique, ciblée et potentiellement transformatrice.
Pendant ce temps, son ex-épouse Melinda French Gates trace sa propre route. Après 27 ans de mariage et suite à leur divorce en 2021, elle a quitté la fondation en 2024. Forbes a réévalué sa fortune personnelle à environ 29 milliards de dollars (bien plus que les 10,3 milliards initialement estimés), ce qui fait d’elle la neuvième femme la plus riche des États-Unis.
On parle souvent de la fortune de Bill Gates, mais sa principale source de richesse n’est plus Microsoft. Il investit dans diverses entreprises comme Republic Services (enlèvement des déchets) et Deere & Co (équipements agricoles), et est devenu l’un des plus grands propriétaires terriens agricoles du pays. Une diversification qui pose aussi question sur l’influence qu’un seul homme peut avoir sur tant de secteurs différents.
Dans cette bataille d’influence entre milliardaires, je me demande parfois si nous ne sommes pas entrés dans une nouvelle ère féodale, où quelques seigneurs décident du sort de millions de personnes. Mais contrairement à d’autres, Gates semble au moins vouloir mettre sa fortune au service du bien commun. Et c’est déjà quelque chose, non ?
