Je trempe ma plume dans l’encre noire ce matin pour vous parler d’une mode qui me hérisse le poil et me glace le sang : le tatouage blanc de l’œil. Oui, vous avez bien lu. Entre deux mails urgents et mon café refroidi, je découvre que des gens s’injectent volontairement de l’encre dans la sclérotique – le blanc de l’œil pour les non-initiés. Une pratique qui fait frémir les ophtalmologues et qui mérite qu’on y regarde à deux fois (sans mauvais jeu de mots).
Une injection dangereuse qui inquiète les professionnels de santé
Popularisée depuis 2007 par un certain Luna Cobra aux États-Unis, cette modification corporelle extrême consiste à injecter de l’encre sous la conjonctive pour colorer le blanc de l’œil. La technique nécessite plusieurs piqûres espacées pour disperser le colorant sur un maximum de surface. Une seule injection ne couvre qu’environ un quart de la sclère, ce qui explique les multiples passages d’aiguille.
Ce qui me révolte profondément, c’est que cette pratique est généralement réalisée par des personnes sans aucune formation médicale ni ophtalmologique. Des tatoueurs qui n’utilisent ni microscope ni instruments chirurgicaux adaptés. Pire encore, certains s’y essaient eux-mêmes après avoir regardé des tutoriels sur internet. On marche sur la tête, ou plutôt, on se plante une aiguille dans l’œil.
Les conditions d’asepsie sont souvent insuffisantes, ce qui décuple les risques d’infection. En lisant les témoignages, j’ai découvert que certains décrivent la sensation comme « des petits coups à l’œil » suivis d’une « étrange pression ». D’autres, comme le rappeur polonais Popek, rapportent des douleurs intenses, de fortes brûlures l’empêchant de dormir pendant des jours.
Les produits utilisés sont tout aussi problématiques :
- Encres destinées aux tatouages cutanés (non oculaires)
- Colorants contenant des métaux comme le cuivre, le chrome, le cobalt
- Pour le blanc : dioxyde de titanium, oxyde de zinc, sulfate de baryum
- Pigments rouges initialement conçus pour la peau
Franchement, qui a envie de se faire injecter du dioxyde de titanium directement dans l’œil? Qui? À quel moment cela semble être une bonne idée?
Des complications médicales parfois irréversibles
La liste des complications possibles est longue comme mon bras, et croyez-moi, je n’invente rien. Les risques de perdre partiellement ou totalement la vue sont réels. Les ophtalmos ne cessent d’alerter sur les dangers de cette pratique qui n’offre absolument aucun bénéfice médical face aux risques encourus.
J’ai compilé un tableau qui résume les principales complications rapportées. Accrochez-vous, ce n’est pas joli-joli :
| Type de complication | Manifestations |
|---|---|
| Inflammatoires | Uvéite, sclérite, inflammation orbitaire, chémosis |
| Infectieuses | Endophtalmie (infection bactérienne dans le vitré) |
| Traumatiques | Hémorragie, perforation du globe, décollement de rétine |
| Autres | Opacification cornéenne, cataracte, glaucome, douleurs chroniques |
Des cas cliniques documentés me glacent le sang. Une femme de 24 ans au Canada a dû subir une énucléation – comprenez l’ablation complète de l’œil – après plusieurs interventions chirurgicales infructueuses. Un homme de 30 ans examiné au CHU de Clermont-Ferrand présentait des nodules sous la conjonctive. Un patient du CHU de Besançon souffrait de brûlures oculaires et photophobie après un tatouage à l’encre blanche.
Je pense à Laurence Debal, cette Française adepte de modifications corporelles dont la séance d’eyeball tattoo a viré au cauchemar. Ou ce Brésilien, Rodrigo Fernando dos Santos, qui dit avoir « pleuré de l’encre pendant deux jours ». Quant à cet artiste jamaïcain nommé Mace, il aurait tout simplement perdu la vue. Voilà le prix à payer pour cette mode aussi absurde que dangereuse.
Un tatouage à l’encre d’inquiétude
Ce qui me attire autant que ça m’inquiète, c’est le profil des personnes qui se lancent dans cette aventure risquée. Il s’agit majoritairement d’hommes jeunes, souvent adeptes de modifications corporelles extrêmes. Certains recherchent délibérément un aspect intimidant, comme ce Jason Barnum surnommé « Eyeball » en Alaska, avec son tatouage noir de l’œil droit.
Le plus frustrant pour les médecins? Ces patients sont prompts à interrompre leur suivi médical, même en cas de complications sévères. Les ophtalmos se retrouvent face à des « tableaux cliniques inédits » difficiles à traiter. Comment soigner quelque chose qu’on n’a jamais vu auparavant?
Côté encadrement légal, c’est le flou artistique dans de nombreux pays. La pratique est heureusement interdite dans certains États américains (Nebraska, Indiana, Oklahoma) et en Nouvelle-Galles-du-Sud en Australie. Au Canada, l’Ontario a mis le holà après un cas grave médiatisé. En France, le Syndicat national des artistes tatoueurs précise que cette pratique n’existe pas dans les salons de tatouage français homologués.
Les traitements des complications? Une galère sans nom :
- Traitements médicaux : anti-inflammatoires, antibiotiques, collyres
- Interventions chirurgicales : lavage de l’œil, vitrectomie, ablation du cristallin
- Dans les cas extrêmes : énucléation (retrait complet de l’œil)
J’aimerais rappeler qu’il existe bien des tatouages oculaires médicaux, réalisés par des chirurgiens ophtalmologistes dans des conditions stériles, pour améliorer l’aspect de cicatrices cornéennes ou traiter certaines pathologies comme l’albinisme. Mais ça, c’est une autre histoire, qui n’a rien à voir avec cette mode dangereuse du tatouage blanc de l’œil. L’émotion disparaît d’un iris noyé de couleur artificielle, et avec elle, parfois, la vision elle-même.
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