Vincent Bolloré : évolution de sa fortune et classement parmi les milliardaires français

Je n’avais jamais vraiment réfléchi à ce que représente concrètement la fortune d’un milliardaire français jusqu’à ce que je me plonge dans les chiffres de Vincent Bolloré. Entre vous et moi, c’est vertigineux. Pendant que je gratte mon loyer dans le 20ème, certains hommes possèdent l’équivalent du PIB d’un petit pays. Je voulais comprendre comment on en arrive là, comment on devient le papivore des médias français quand on démarre dans les papeteries familiales.

L’ascension d’un empire médiatique à la fortune colossale

Vincent Bolloré, 11ème fortune française avec pas moins de 8,8 milliards d’euros selon les dernières estimations, s’est hissé au sommet d’un empire tentaculaire qui donne le vertige. Saviez-vous que son ascension a débuté modestement en 1981 avec la reprise des papeteries familiales OCB aux côtés de son frère? C’est enchantant comme certains parcours démarrent presque « normalement » avant de basculer dans l’extraordinaire.

Ce qui me frappe, c’est la métamorphose progressive de son business model. D’abord investi dans le transport maritime puis ferroviaire en Afrique, Bolloré a progressivement réorienté son empire vers les médias et la culture. Aujourd’hui, 90% de ses activités reposent sur ces secteurs. Canal Plus, CNews, C8, Europe 1, JDD, Paris Match… La liste des médias sous son contrôle s’allonge comme mon relevé bancaire à découvert en fin de mois.

L’an dernier, son groupe comptait environ 80 000 salariés pour un chiffre d’affaires annuel de 25 milliards d’euros. Des chiffres qui donnent le tournis quand on pense qu’ils représentent la richesse créée par une seule entité. Canal+ à elle seule a réalisé près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre 2022, avec une croissance de 3,3%.

Le plus révélateur? Contrairement à l’image soigneusement entretenue d’un entrepreneur bâtisseur, sa fortune provient surtout de coups boursiers et de captation de rentes, notamment en Afrique. Une stratégie d’enrichissement que je trouve particulièrement questionnable dans notre monde contemporain.

Entre capitalisme colonial et pouvoir médiatique

Quand j’observe le parcours de Bolloré, je ne peux m’empêcher de remarquer ce fil rouge colonial qui traverse son histoire financière. Présent pendant près de 40 ans sur le continent africain via ses activités de transport et logistique, il a bâti une partie considérable de sa fortune sur l’exploitation de ressources dans ces pays. Vous vous rendez compte? Dans certains pays africains dont il a exploité les ressources, sa fortune personnelle pourrait financer la moitié de l’aide humanitaire nécessaire en 2025.

Ce qui me met en colère, c’est ce contraste entre enrichissement personnel et précarité collective. Pendant que sa fortune personnelle s’accroît, les pays où il a prospéré peinent à financer leurs services publics essentiels. Un schéma colonial qui perdure sous des apparences modernisées.

Son pouvoir médiatique, fruit de cet enrichissement, est tout aussi préoccupant. Comment rester indifférent quand on sait qu’il contrôle désormais 74% du marché des manuels scolaires? Depuis 2012 et sa prise de pouvoir à la tête de Vivendi, sa collection de médias s’est élargie de façon inquiétante. Certains, comme CNews, sont régulièrement accusés de véhiculer une idéologie d’extrême-droite.

L’influence de Bolloré dans le paysage médiatique français se caractérise par :

  • Une stratégie de concentration verticale
  • Un contrôle éditorial souvent contesté
  • Une influence sur l’opinion publique grandissante
  • Une transmission progressive de cet empire à ses enfants

La fortune des milliardaires français face aux inégalités mondiales

J’ai toujours du mal à conceptualiser ce que représentent réellement ces fortunes astronomiques. Pourtant, les chiffres sont là, implacables. Depuis 2019, la fortune cumulée des milliardaires français a augmenté de plus de 24 milliards d’euros, soit l’équivalent de 13 millions d’euros chaque jour. Chaque. Jour. Le temps de boire mon café ce matin, certains ont gagné plus que ce que je gagnerai en une vie entière.

Vous voulez un exemple concret? Le tableau ci-dessous présente ce que représente la fortune de Bolloré par rapport à des enjeux sociaux majeurs :

Élément de comparaison Équivalence avec la fortune de Bolloré (8,8 milliards €)
Salaire minimum annuel (SMIC) Environ 508 000 années de SMIC
Budget annuel de l’aide humanitaire pour certains pays africains Pourrait financer 50% des besoins en 2025
Part nécessaire pour atteindre l’objectif gouvernemental de 50 milliards d’économies 10% de la fortune cumulée des milliardaires français suffirait

Ce qui me sidère, c’est que 10% de la fortune cumulée des milliardaires français suffirait pour atteindre l’objectif de 50 milliards d’économies recherché par le gouvernement pour le budget 2025. Pendant ce temps, on nous parle de serrer la ceinture et de réduire les dépenses publiques.

Plus troublant encore : les 1% des Français les plus riches ont ponctionné près de 20 milliards d’euros aux pays du Sud en 2023. Un chiffre qui illustre parfaitement comment les inégalités mondiales s’auto-alimentent dans un système économique financiarisé, rentier et prédateur.

Alors que j’écris ces lignes depuis mon appartement parisien, je me demande : à quel moment allons-nous collectivement remettre en question ce système qui permet à quelques-uns d’accumuler des richesses aussi disproportionnées? Car derrière ces chiffres abstraits se cachent des vies concrètes, des services publics non financés, des droits fondamentaux bafoués. La fortune de Bolloré n’est pas qu’un sujet économique – c’est une question profondément politique et sociale.

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